Pourquoi nos pistes cyclables sont nulles ?

Introduction

La question de la sécurité et de l’efficacité des pistes cyclables en France est une préoccupation majeure, tant pour les cyclistes que pour les urbanistes. Cette vidéo explore les raisons pour lesquelles les infrastructures cyclables françaises sont souvent jugées insuffisantes et dangereuses, et les compare aux systèmes cyclables de pays où le vélo est un mode de transport bien plus développé, comme les Pays-Bas et le Danemark. En 2022, 245 cyclistes ont perdu la vie sur les routes françaises, une augmentation de 31 % par rapport à 2019. Malgré le fait que 55 % des ménages français possèdent un vélo, seulement 3 % des trajets sont effectués à vélo.

Les statistiques alarmantes de la sécurité à vélo en France

Les chiffres sont accablants : la France se situe parmi les pires élèves européens en matière de sécurité à vélo, aux côtés du Portugal et de l’Estonie. En 2022, 245 cyclistes ont été tués sur les routes françaises, représentant une augmentation de 31 % par rapport à 2019. Ces statistiques mettent en lumière un problème structurel et systémique dans la conception et la gestion des infrastructures cyclables.

Les infrastructures cyclables à Paris : un exemple frappant

Prenons l’exemple du boulevard de Sébastopol à Paris, l’axe cyclable le plus fréquenté de France. Chaque année, plus de 4 millions de trajets y sont effectués, soit près de 17 000 trajets par jour ouvré. Cependant, cette piste étroite de 120 cm de large est coincée entre les trottoirs et les voitures, ne représentant que 9 % de la voie, contre 41 % pour les voitures et 50 % pour les piétons. Le boulevard Magenta, le troisième axe cyclable le plus fréquenté de la capitale, présente une situation similaire, avec seulement 8 % de l’espace public dédié aux cyclistes.

Une diversité de designs de pistes cyclables

Les pistes cyclables en France sont extrêmement hétérogènes, avec des pistes unidirectionnelles, bidirectionnelles et centrales. Parmi ces options, les pistes unidirectionnelles sont les plus sûres et les plus intuitives, tant pour les cyclistes que pour les autres usagers de la route. Elles permettent une organisation classique des intersections, facilitant les tournants et la circulation fluide. En revanche, les pistes centrales et bidirectionnelles complexifient les intersections et augmentent les risques d’accidents.

Les causes historiques des infrastructures cyclables médiocres

Le problème remonte aux années 1970. En 1979, en pleine crise économique, le gouvernement français de Raymond Barre a coupé les subventions au développement des infrastructures cyclables, privilégiant le « tout voiture ». Cette décision a eu des conséquences durables : la France a perdu la compétence technique en matière de conception d’infrastructures cyclables. De plus, l’essor du Solex et d’autres vélomoteurs a terni l’image du vélo en tant que mode de transport, le rendant synonyme de danger.

Comparaison internationale : les leçons à tirer

• Copenhague, Danemark : Dans cette ville, 50 % des déplacements se font à vélo. La clé de leur succès ? Des pistes larges, unidirectionnelles et un réseau cyclable continu. Mikael Colville-Andersen, urbaniste danois, a observé que plus il y a de trajectoires possibles pour les cyclistes, plus la piste est dangereuse. À Copenhague, des aménagements comme les poubelles inclinées et les repose-pieds encouragent les cyclistes à ne pas dévier de leur trajectoire, améliorant ainsi la sécurité.
• Séville, Espagne : Entre 2006 et 2011, Séville est passée de 7 000 à 72 000 trajets quotidiens à vélo, grâce à un réseau de pistes sécurisées construit sur d’anciens stationnements. Ce développement rapide démontre que même dans des villes chaudes, le vélo peut devenir un mode de transport dominant avec les bonnes infrastructures.
• New York, États-Unis : La transformation de l’Huitième Avenue pour inclure une piste cyclable sécurisée a réduit la congestion automobile de 14 % en moyenne. À Chicago, bien que certaines pistes cyclables aient aggravé les embouteillages, elles ont globalement réduit les temps de trajet sur 40 % des axes restants.
• Bogota, Colombie : Le maire Enrique Peñalosa a initié la création d’un vaste réseau de pistes cyclables pour relier les zones résidentielles et de travail. Aujourd’hui, Bogota compte près de 630 km de pistes cyclables, facilitant la mobilité pour une grande partie de la population qui ne peut pas se permettre de prendre le bus ou la voiture.

La situation actuelle à Paris et les défis à relever

À Paris, de plus en plus de pistes cyclables sont construites, atteignant près de 300 km. Cependant, ces infrastructures se concentrent principalement dans l’hypercentre, laissant les périphéries moins desservies. Le baromètre des villes cyclables montre que le ressenti des cyclistes devient négatif dès que l’on s’éloigne du centre. Il est crucial de développer des infrastructures cyclables dans les périphéries où les besoins de mobilité sont les plus importants.

La continuité et l’accessibilité : clés du succès des infrastructures cyclables

Pour encourager l’utilisation du vélo en France, il est essentiel de construire des pistes cyclables larges, connectées et accessibles à tous. Les exemples de Copenhague, Séville, New York et Bogota montrent que des politiques ambitieuses et cohérentes peuvent transformer les habitudes de déplacement et améliorer la sécurité et la qualité de vie des cyclistes. En investissant dans des infrastructures cyclables de qualité, la France peut espérer réduire le nombre d’accidents et augmenter le nombre de trajets effectués à vélo.

Conclusion

La vidéo met en lumière les nombreux défis auxquels les infrastructures cyclables françaises sont confrontées, mais aussi les opportunités d’amélioration. En s’inspirant des succès internationaux et en adoptant une approche cohérente et ambitieuse, la France peut transformer ses villes pour qu’elles soient plus sûres et accueillantes pour les cyclistes. Cela nécessitera des investissements, des changements politiques et une volonté de réintégrer le vélo comme un mode de transport légitime et essentiel pour l’avenir urbain.

Pour aller plus loin

• Suggestions de lecture : « Cities for People » de Jan Gehl, « How Cycling Can Save the World » de Peter Walker.
• Questions pour réflexion :
  • Comment votre ville pourrait-elle améliorer ses infrastructures cyclables ?
  • Quels sont les obstacles culturels ou politiques à l’adoption du vélo comme mode de transport principal ?
  • Quelles sont les meilleures pratiques que votre ville pourrait adopter des exemples internationaux présentés dans la vidéo ?

Sources et remerciements

Cette analyse est basée sur la vidéo « Pourquoi nos pistes cyclables sont nulles ? » publiée par ATLAS sur YouTube. Pour plus d’informations et pour visionner la vidéo complète, suivez ce lien.